Shitcoins : vers une bulle ?

L’explosion du nombre de nouvelles blockchains.

Au bout d’une dizaine d’années, la technologie de la blockchain devient de plus en plus accessible. Grâce au puit de science qu’est internet, n’importe qui (de bien motivé) dans le monde est en mesure de pouvoir lancer sa blockchain et des shitcoins. C’est bien le problème et c’est peut-être ce qui causera l’éclatement de la première bulle de la technologie blockchain.

 

La blockchain devient cool grâce aux NFT, elle deviendra peut-être même mainstream dans quelques années. Cela attire de plus en plus de profiteurs à créer des blockchains étant des faux projets ou simplement des arnaques. Lorsque l’on sait développer une blockchain, on peut facilement développer un site web. Et si l’on sait en plus faire un peu de graphisme, on peut avec une petite équipe rapidement  créer un projet ayant l’air sérieux … juste l’air.

Un engouement sur les altcoins

L’engouement actuel sur la blockchain et les « meme » coins (voir Expédition N°3) apporte tout son lot de « shitcoins » (littéralement jetons caca…). Tout ceci a débuté avec le Dogecoin, qui était à l’origine une blague entre amis mais qui s’est vu devenir à un moment top 5 des cryptos avec 95 milliards de capitalisation boursière, propulsé par quelques tweets d’Elon Musk. Dogecoin est un fork du Litecoin (une sorte de dérivé), le code source du Litecoin ayant servi au développement de Dogecoin. Sa valorisation représente juste la confiance que sa communauté lui porte.

Bulle, mode ou réel investissement, les crypto-actifs issues des communautés internet font un ravage en ce moment et atteignent des valorisations absurdes. Tous les jours des nouveaux projets misant TOUT sur le marketing tente de tirer leurs épingles du jeu, en concurrence avec les trois plus gros : Dogecoin, Shiba Inu et Safemoon.

Des similarités entre les bulles

Si l’on peut faire une comparaison entre les bulles technologiques comme celle du jeu vidéo en fin 1983 ou la bulle internet en 2000, on peut s’apercevoir qu’un des points communs à ces crises est le nombre de projets utilisant la nouvelle technologie mais ne créant pas de valeur.

En 1983, le nombre de jeux vidéo explose, mais la qualité n’étant pas rendez vous, les joueurs et les investisseurs se lassent et quittent le secteur. Le marché s’écroule et certains journaux parlent même de la fin du jeu vidéo. C’est en 1985 que le marché repartira, grâce au célèbre “Super Mario Bros” sur Famicom. Nous connaissons tous aujourd’hui le succès des jeux vidéo et la montée en puissance continue de ce secteur.

En ce qui concerne la bulle internet de 2000, il suffisait de rajouter un “.com” à un projet pour drainer énormément d’investisseurs. Nous avions donc un très grand nombre de projets, plus ou moins sérieux, qui tentaient de surfer sur cette vague. L’éclatement de la première bulle de 2000 à fait apparaitre quelques milliers de gagnants. Puis la crise de 2007 à donnée naissance au GAFAM. Cela signifie que seulement 5 grands gagnants sur plusieurs milliers de projets ont réellement su se détacher et remporter la bataille internet d’aujourd’hui.

Dans notre première newsletter (Expédition N°1), nous parlions de l’adoption de la blockchain par les utilisateurs. En comparant le nombre d’utilisateur entre la blockchain et internet, on s’aperçoit d’une forte corrélation sur l’évolution de cette adoption. La blockchain aujourd’hui serait l’équivalent d’internet en 1998.

Depuis le début d’année, c’est plus de 2 000 nouvelles blockchains qui ont été créées, et leur nombre continue d’augmenter. Au moment ou j’écris l’article, c’est 30 blockchains qui ont développées dans les dix dernières heures.

De l’ensemble des cryptomonnaies en circulation (+ de 13 000 tokens différents), il faut compter environ 50% de projets qui ne sont pas sérieux, des arnaques ou morts (environ 7000 blockchains “actives”). Il faut donc apprendre à distinguer les bons et les mauvais projets en attendant l’éclatement de la première bulle blockchain qui viendra probablement faire apparaitre les premiers gagnants de ce secteur.

Prudence sur le marché des cryptomonnaies

Le nombre de cryptomonnaies explose de jour en jour et il se pourrait bien que d’ici quelques années nous voyons apparaitre des «wordpress» ou «wix» de la blockchain, permettant à n’importe qui de pouvoir créer des smart contracts, voir sa blockchain ou son token, grâce a des applications plug and play. Il sera donc essentiel que la technologie soit comprise de tous.

Si vous débutez dans l’écosystème de la blockchain, il est donc préférable de ne pas vous laissez tenter par l’appât du gain généré par plusieurs de ces “shitcoins”. Il serait plus sage d’acheter des crypto-actifs avec de réels potentiels, hors effet de mode.

En attendant, pour ceux qui pensent avoir loupé le train de la technologie de la blockchain, il est vrai que le premier est parti depuis un moment déjà. Mais la prochaine gare n’est plus si loin, et il pourrait être intéressant de vous préparer pour y monter à ce moment la !

L’adoption cryptos : où en sommes-nous ?

adoption crypto en europe vu de Suisse

La Suisse en avance sur l’Europe.

Quelques sociétés, dont une française, tentent de pénétrer le marché des cryptomonnaies en faisant le lien entre les moyens de paiement actuels et la blockchain.  La société cotée Worldline a pris de l’avance sur VISA et Mastercard en essayant de profiter de la hausse récente de l’intérêt pour les cryptomonnaies et aussi grâce à l’essor du Bitcoin.

 

La Suisse a pris le lead récemment avec la société Française Worldline, permettant à plus de 85 000 marchands de pouvoir accepter les cryptomonnaies comme moyen de paiement.

Depuis le 19 août dernier, tous les commerçants suisses utilisant les solutions de paiement de la société Worldline peuvent accepter certaines cryptomonnaies dans leurs points de vente physiques comme sur internet. C’est grâce à la collaboration avec la fondation Bitcoin Suisse que les commerçants peuvent utiliser l’application mobile dédiée. En ce qui concerne les clients, ils peuvent simplement utiliser leurs portefeuilles électroniques pour effectuer le paiement.

Pour plus de sécurité et pour éviter les gros mouvements de volatilité, l’application pour les professionnels convertit directement le montant payé en cryptomonnaies en Francs Suisse.

La Belgique aussi entend bien profiter de l’explosion du marché des cryptomonnaies.

C’est grâce à l’application de la start-up Belge Seety que les utilisateurs peuvent maintenant utiliser leurs Ethers, Bitcoins, Dogecoin et autres (LTC, DAI et USDC) pour acheter leurs places de parking. L’application est en test pour l’instant à Bruxelles et Anvers. L’application Seety est déjà disponible en France, Luxembourg, Belgique et Pays-Bas et a plus de 350 000 utilisateurs actifs.

D’autres sociétés acceptent aussi les cryptomonnaies tels que Shop.com, grâce à son partenariat avec la société Bitpay. Shop.com propose différents articles avec sa boutique en ligne : vêtements, accessoires, chaussures, matériels électroniques…

En quelques chiffres.

Un récent sondage en Belgique rapporte que 26% de la population Belge possède des cryptomonnaies, très largement devancée par le Viêt nam (41%), l’Indonésie (30%) et l’Inde (30%) (source rapport finder 2020).

Selon le même rapport, le plus grand groupe d’utilisateurs par tranche d’âge est celui de 25-34 ans (21%), puis les 18-24 ans à égalité avec les 35-44 ans (rapport Finder 2020).

Dans son dernier rapport sur l’adoption crypto,  Chainanalysis rapporte que l’utilisation de la blockchain est en très forte hausse, surtout dans les pays en voie de développement asiatiques et africains.

Selon crypto.com, le nombre d’utilisateurs de cryptomonnaies aurait augmenté de 61 millions en avril 2021, ce même nombre ayant été doublé depuis le début de l’année.

Il reste encore du chemin avant une adoption globale, la clef de cette adoption étant sans doute la formation. Si l’adoption crypto devient ancrée dans les habitudes de consommation des plus jeunes générations, on peut facilement entrevoir comment cette technologie pourrait perdurer et continuer d’augmenter avec le vieillissement de la population.

Ethereum et sa mise à jour EIP-1559

Ethereum EIP-1559

L’introduction du burn des jetons.

Créée en 2015, Ethereum est la seconde plus grande cryptomonnaie en termes de capitalisation boursière (≈455Mds de dollars au 07/09/2021). Depuis sa première version, Frontier (30/07/2015), plus d’une dizaine de mises à jour importantes sont venues modifier le fonctionnement d’Ethereum. La prochaine mise à jour en date étant la mise à jour London. Il est fréquent de voir des mises à jour sur des blockchains, cela est même plutôt bon signe : cela signifie qu’une communauté est active derrière le fonctionnement du réseau. La communauté continue de faire évoluer le réseau selon les différentes transformations de l’écosystème de la blockchain.

 

Celle qui nous intéresse est donc la dernière en date :  Ethereum EIP-1559.

 

Cette modification du protocole tend d’une manière générale à réorganiser le prix des coûts de transactions afin d’éviter les pics du prix du gas* lors d’une forte demande de transactions sur le réseau. Certains frais de transactions ont pu atteindre 80€ en avril/mai dernier (!). La nouvelle technique utilisée est celle d’une augmentation temporaire de la taille des blocs.

💡 Les transactions sont stockées dans les blocs de la blockchain (chaîne de blocs).

La seconde fonctionnalité introduite par cette Ethereum Improvement Proposal (EIP) est le Burn des jetons d’Ethereum. Le Burn (Brulage en français) consiste à réduire le nombre de jetons. Bien que cela puisse paraitre exceptionnel sur les marchés régulés, c’est plutôt courant pour les cryptomonnaies. Cela peut être fait par différentes manières : la société émettrice de jetons détruit une partie de ses jetons ou par le processus de minage. Le but du Burn est généralement de faire augmenter la valeur des jetons en réduisant leur nombre en circulation.

Dans le cas d’Ethereum, le burn va s’effectuer lors du processus de minage (i.e. le processus de validation des transactions). En général, les mineurs reçoivent tout ou partie des frais de transactions payés par l’utilisateur. Il faut forcément rémunérer les mineurs pour le travail de validation des transactions essentiel au bon fonctionnement de la blockchain.

Ethereum EIP-1559 propose un découpage des frais des transactions. Une partie de ces frais seront destinés à être brulés lors de moment de grande influence sur le réseau. Bien sûr les mineurs craignaient une baisse de leurs revenus avec cette mise à jour. L’objectif est que cela soit compensé par la hausse de la valeur du jeton ETH induit par le processus « déflationniste » de burn.

Ethereum a en tête sa migration vers Ethereum 2.0 avec l’évolution majeure de son protocole de consensus de la preuve du travail (PoW) vers la preuve d’enjeu (PoS). Ethereum vise à devenir une blockchain plus scalable en augmentant sa capacité de transactions par seconde. De surcroit, l’impact écologique de preuve d’enjeu sera nettement plus positif, ce qui est dans l’ère du temps.

Retrouvez notre article sur la mise à jour Shappella, plus récente que la Ethereum EIP-1559 et qui répond aux perspectives posées dans cet article.

Avec sur son réseau environ 75% des applications décentralisées développées sur une infrastructure blockchain, Ethereum est devenu au fil des années congestionné. Les prix exorbitants de certaines transactions ayant fait fuir certains utilisateurs, d’autres réseaux comme BNB, SOL, MATIC… ont pu profiter de cette situation.

La mise à jour London devrait avoir lieu en fin d’année 2021. D’ici la, la concurrence autour d’Ethereum se fait de plus en plus rude avec des nouveaux réseaux proposant des performances intéressantes.